vendredi 26 octobre 2012

Réécrire ou ne pas réécrire ?


Récemment, un incident m’a fait repenser à un petit roman que j’ai écrit il y a dix ans. 

En effet, de 2000 à 2002, j’ai enfin réalisé le rêve, que j’avais depuis que j’étais venu vivre à Montréal, en 1987, de suivre les cours du certificat en création littéraire de l’Université du Québec à Montréal. 

Comme j’avais obtenu mon diplôme d'études collégiales (DEC) en sciences humaines en 1972, après avoir abandonné à 2 reprises ma dernière session, j’ai été automatiquement admis au certificat (celui-ci n’étant pas contingenté), lorsque j'ai fait ma demande d'admission en 88 ou 89, je ne sais plus trop exactement. Par contre, je me suis heurté à un problème de taille lorsque j’ai voulu m’inscrire à des cours : tous les cours se donnaient le soir et je travaillais le soir. 

Cela m’avait énormément frustré. Dans les années suivantes, j’ai pris toutes de sortes de cours qui se donnaient l’avant-midi ou en début d'après-midi : des cours d’anglais au Cegep Dawson ; des cours par correspondance afin de compléter le cours de mathématiques du secondaire 5 que je n’avais j’avais fait ; des cours en gestion de l’imprimerie au Cegep Ahuntsic, de 1990 à 1993 ; des cours d’Histoire (à l’Université de Montréal : un cours d’Histoire des États-Unis un automne et un autre sur l’Histoire de la Nouvelle-France au cours de l’hiver suivant, mais comme je manquais terriblement de sommeil à cette époque, assister à ces cours magistraux était très pénible et j’ai laissé tomber) ; et, finalement, des cours de yoga à partir de 1998. Cours que j’ai suivi une fois par semaine pendant 4 ans jusqu’à ce que je démissionne de mon emploi à temps plein en 2002, pour m’inscrire à temps plein au programme du Bac en Études Littéraires de l’Uqam après avoir terminé le certificat en création. Donc, j’ai suivi les dix cours de ce certificat et le dernier consistait à écrire un mini roman d’une soixantaine de pages que j’ai intitulé : Maria!... 

Ce fut une expérience très difficile. Tous mes rêves de devenir un écrivain se sont effondrés. C’était la première fois que j’écrivais quelque chose d’une telle ampleur, car dans les ateliers d’écriture auxquels j’ai participé pendant ces études, nous n’avions que des textes de dix pages à écrire. 

J’ai trouvé mon roman complètement cucu avec son histoire d’amour d’adolescent et son intrigue peu excitante. Par contre, j’étais, et je le reste, très fier de la description du milieu et des conditions de travail dans une reliure industrielle que l’on y trouve.

Je l’ai relu la semaine dernière et je n’ai pas trouvé cela si mauvais. Cela se tient. Par contre, j’y ai rencontré beaucoup de fautes, surtout au niveau de l’accord des participes passés. À l’époque je n’avais pas encore suivi les cours de grammaire que j’ai pris par la suite. J’ai corrigé ces fautes, du moins celles qui m’ont sauté aux yeux, et j’ai, je crois, amélioré certaines expressions orales québécoises que l’on trouve dans les dialogues afin de les rendre plus compréhensibles. 

Par contre, j’ai hésité à entreprendre un gros travail de correction en ce qui concerne ce  que je considère comme un gros problème de voix narrative. La première partie du roman est racontée au «je». À un moment donné cependant, un personnage interpelle le narrateur et lui dit d’améliorer son histoire afin de la rendre plus excitante. La voix narrative passe alors à la troisième personne du singulier pour quelques chapitres, mais revient ensuite au «je». C’est comme si le naturel reprenait inconsciemment le dessus. Pour moi, la fiction est surtout due à un travail onirique et ce rêve éveillé se déroule évidemment au «je».

Dois-je réécrire ces chapitres ?

Mon désir de rendre public ce texte exigerait que je le corrige. Est-ce la paresse de le faire ou est-ce que l’idée de ne pas le faire aurait une motivation valable ? Qu’est-ce que vous en pensez ? 

Mon idée de ne pas le faire s’appuie sur le fait que le retour inconscient de la voix narrative au «je» répond aux besoins du jeu narratif et contribue à un enjeu qui est sous-jacent à l’intrigue principale : l’écriture elle-même. Mais peut-être que cela n’est que de la foutaise. En effet, je suis paresseux de nature. Et puis, ce n’est pas bien grave, il ne s’agit que d’un roman de jeunesse, même si j’avais 50 ans quand je l’ai écrit, et c’est normal d’y trouver des erreurs. Le problème, c’est que je me retrouve avec les mêmes problèmes de voix narratives dans le roman que j’ai entrepris d’écrire par la suite et qui, des années plus tard, est toujours en panne. 

Réécrire ou ne pas réécrire ? 

Je dirais plutôt : Écrire ou ne pas écrire, être ou ne pas être... 

Il est possible de lire Maria !... sur le lien suivant :  ici sur le site Atramenta de publications en ligne. 

Post Scriptum deux semaines plus tard : 

Je viens de faire l'expérience de tenter de changer au "il" la partie de Maria ! où j'étais revenu au "je" sans m'en rendre compte. Au bout d’un paragraphe, j’ai cependant décidé de laisser tomber l’idée parce que ça implique beaucoup trop de changements et j’ai même l’impression que ça l’appauvrit énormément, car je dois laisser tomber tous les dialogues intérieurs qu'en toute logique un narrateur extérieur ne pourrait pas raconter. Je me trompe peut-être, mais j'aime la façon dont cette histoire est racontée et je n'ai pas envie de la massacrer.