lundi 30 janvier 2012

Encore 1Q84 et l'Oeuvre au noir, mais, en plus, El ruido de la cosas al caer

Oui, je sais, contrairement à ce que j’espérais, je n’écris pas souvent. Je ne lis pas beaucoup non plus.

Je viens à peine de terminer 1Q84 de Haruki Murakami et il me reste encore une cinquantaine de pages de l’Oeuvre au noir à lire que je ne semble pas pressé de terminer. J’ai cependant mis la main sur autre roman de Marguerite Yourcenar, Un Homme Obscur, et j’en ai lu une centaine de pages, mais je l’ai abandonné, car il m’emplissait, tout comme l’Oeuvre au noir, d’une certaine déprime. Par contre, j’avance très rapidement dans ma lecture en espagnol du dernier roman de Juan Gabriel Vasquez, El ruido de la cosas al caer. L’année dernière, j’avais lu Los Informantes (Les Dénonciateurs) de cet auteur colombien que l’on peut voir en entrevue (avec sous-titres en français) à cette adresse . Même si cette première lecture m’avait un peu déçu au niveau de l’intrigue, j’avais aimé ses réflexions sur le temps ainsi que les liens qu’il tisse entre le présent et le passé. Tout cela pour dire que je ne sais pas si je vais me procurer le tome 2 de 1Q84.

En partant j’ai adoré le premier chapitre de ce roman et ensuite je me suis laissé porté par cet amour. Ce n’est pas la première fois que je suis séduit par un début de roman et je sais fort bien que c’est loin d’être une garantie que mon plaisir se maintiendra dans les chapitres subséquents. Cela s’est cependant produit pour 1Q84, non sans que je ressente parfois quelques réserves.

Ce que j’ai aimé :

L’introduction du personnage de Oamamé, une tueuse déguisée en jolie jeune femme qui écoute la Sinfonietta une oeuvre de Janacek, un compositeur tchèque, alors qu’elle assise dans un taxi pris dans un embouteillage sur une autoroute de Tokyo. Un étrange nuage de mystère flotte dans ce véhicule. Pour lui éviter d’être en retard à son rendez-vous, le chauffeur lui indique un moyen inusuel de s’y rendre. Alors qu’elle s’apprête à quitter le véhicule, il lui dit une phrase qui va ensuite l’obséder : «qu’il ne faut pas se laisser abuser par les apparences. Il n’y a toujours qu’une réalité». Dans ce chapitre, Oamamé nous est présentée comme une jolie femme dotée d’un visage sans expression dont les traits peuvent se métamorphoser en une «horreur abyssale» lorsqu’ils sont tendus. Plusieurs indices semblent vouloir nous faire croire qu’elle n’est pas tout à fait humaine ou, en tout cas, qu’elle est un peu étrange. Par la suite, de chapitre en chapitre, le lecteur apprend à mieux la connaître.

Le deuxième chapitre introduit le personnage de Tengo, un enseignant de mathématiques, écrivain pendant ses journées de congé. Bien qu’il ait écrit plusieurs romans, aucun n’a encore été publié. Son éditeur l’encourage à prendre son temps.

J’aime beaucoup comment Murakami décrit le quotidien de ses personnages : ce qu’ils mangent, ce qu’ils lisent, la musique qu’ils écoutent, ce qu’ils pensent.


Ce que je n’ai pas aimé :

Tous les chapitres du roman se suivent en alternant entre Oamamé et Tengo. C’est un peu trop systématique.

Les ficelles sont trop grosses sur les liens qui vont faire en sorte que les deux protagonistes vont se rencontrer. Ce n’est cependant pas encore fait à la fin de ce premier tome.

De la même façon que Oamamé est influencée, sinon dirigée et même manipulée par une dame âgée, riche directrice d’un refuge pour femme violentées, Tengo est manipulé par son éditeur, lui-même manipulé par un intriguant ex-professeur d’université. Cela fait beaucoup de manipulations !!!

Les justifications de Oamamé et de la dame âgée pour assassiner des hommes qui sont violents envers les femmes ne me paraissent pas saines, ni solides d’ailleurs, au point que cela en devient invraisemblable. Cela semble d’ailleurs être l’avis de l’auteur, car ces deux personnages essaient sans cesse d’expliquer les raisons qui les font agir ainsi.

Un aspect fantasy, les little people, ne m’emballe pas du tout. Je me demande où il veut aller avec cela.


mercredi 18 janvier 2012

1Q84, Millénium et l'Oeuvre au noir

J’ai encore le goût d’écrire aujourd’hui, mais je crois qu’il ne s’agira que de quelques mots pour parler de mes lectures.

En fait, la plus grande partie du temps qu’habituellement je consacre à la lecture quand nous n’allons pas au cinéma est occupé de ce temps-ci par l’écoute d’un livre audio dont nous avons commencé l’écoute au cours du voyage en auto que nous avons fait pendant la période des Fêtes. Il s’agit de Leon l’Africain, un roman de Amin Maalouf.

C’est la première fois que nous réussissons à écouter un roman de cette façon. Nos tentatives antérieures n’avaient pas été concluantes. Je m’endormais au volant !

Cette fois, au contraire, le récit m’a presque toujours tenu éveillé. Par contre j’ai rarement pu poursuivre l’écoute plus d’une demi-heure à la fois, car à cause du bruit ambiant, il fallait mettre le volume au maximum et cela devenait rapidement fatigant, de sorte que nous n’avons pas pu compléter l’écoute au cours du voyage, car cette lecture dure 12 heures. Il nous reste encore un cd à écouter sur les 10 qui composent le coffret.

Par ailleurs, je continue ma lecture de 1Q84 et de l’Oeuvre au Noir, mais à très petites doses et en restant parfois plusieurs jours sans y toucher. Je les achève tous les deux cependant et je crois que je vais me procurer le tome 2 du roman de Murakami. Cela me fait beaucoup penser à Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, le roman de Stieg Larsson, récemment adapté au cinéma par David Fincher sous le titre The girl with the dragon tattoo, une version que j’ai appréciée, peut-être même plus que la version suédoise que j’avais pourtant beaucoup aimé aussi. On retrouve en effet dans 1Q84 une jeune femme qui assassine des hommes violents et «des hommes qui haïssent les femmes».

Pour ce qui est du livre de Marguerite Yourcenar, il me semble que je pourrais avoir envie d'encore recommencer à le lire dès que je l'aurai terminé tellement son texte est riche. Je crois aussi que je me sens encore plus près de Zénon, son personnage principal, que lorsque je le lisais quand j’avais trente ans, car dans la dernière partie du livre il a près de 60 ans :

«Cinquante-huit fois, il avait vu l’herbe du printemps et la plénitude de l’été. Il importait peu qu’un homme de cet âge vécût ou mourût.»

mardi 17 janvier 2012

Impromptus Littéraires : Les mots oubliés

J'ai découvert le site des "Impromptus littéraires" (lien ici) en visitant le blog de "Ma Cocotte" ( lien ici)
et j'avais trouvé le blog de la Cocotte dans les commentaires du site "Chevaliers des touches" de l'écrivain Martin Winckler (lien ici). Lui, je ne me rappelle plus trop comment je l'ai trouvé. Probablement que c'est en effectuant une recherche sur le film "La maladie de Sachs", réalisé par Michel Deville en 1999 à partir du roman de Winckler (lien ici).

Je n'ai pas touché à mon roman au cours de la périodes des Fêtes et depuis je ne ressens pas un gros désir de m'y remettre. Je suis tanné de toujours baigner dans la même histoire. Une histoire que je n'arrive plus à développer. Depuis des mois, je ne fais que corriger ou modifier des passages qui m'apparaissent faibles et il me semble que je n'en finirai jamais.

À chaque semaine, le site des "Impromptus littéraires" propose de créer un texte à partir d'un thème. Je crois que cela pourrait m'être bénéfique de participer à cette activité.

Le thème de cette semaine :

"Ancien moulin, tourelle, colombier ou gâteau de pierre, vous ignoriez que l'édifice recelait un document en partie effacé, un étrange puzzle de mots énigmatiques : parfum, consentir, lumignon, croquembouche, impitoyable.
En utilisant tous les mots sous la forme qui vous plaira, imaginez en vers ou en prose ce qui vous semble être le message original caché dans la tour."

Voici donc celui que j'ai écrit. Cela s'appelle "Les mots oubliés".


Cette année-là, Isabelle et Marcel voulurent faire changement pour leurs vacances. Au lieu de partir en auto explorer une région ou l’autre du pays, ils avaient loués une maison de campagne et projetaient d’y passer la plus grande partie de ces semaines si attendues pour se reposer. Ils se rendaient compte en effet qu’ils vieillissaient et que les voyages parsemés d’imprévus ne leur permettaient pas de se détendre autant qu’ils le désiraient afin de pouvoir être en forme pour la rentrée. Au contraire, ils se sentaient parfois plus fatigués à la fin de leur vacances qu’au début et, d’année en année, ils étaient de plus en plus terrorisés devant l’impitoyable tâche qui les attendait.

Le pire, c’était que c’était Marcel qui avait le plus de problèmes même s’il ne voulait pas l’admettre. Isabelle en était même venue à craindre qu’il fasse une dépression et pourtant elle avait eu toutes les peines du monde à lui faire accepter de changer leurs habitudes de vacances. Pour lui, consentir à renoncer à ces semaines de nomadisme revenait à accepter qu’il était désormais incapable de s’offrir la seule possibilité qu’il avait d’échapper à la routine. Évidemment, comme l’idée de ce projet ne venait pas de lui, il bougonnait.

La maison qu’ils avaient trouvés sur internet était à peu près comme Isabelle se l’était imaginée : située à quelques kilomètres du plus proche village et entourée de champs et de boisés qui la séparaient des maisons voisines. Ils en avaient fait le tour à leur arrivée, mais comme il était tard, ils n’avaient pas pu explorer le terrain qui était plongé dans le noir. Au matin, Isabelle s’était levée la première et, en faisant bien attention de ne pas réveiller son homme, elle était sortie par la porte arrière pour aller s’asseoir dans la balançoire qui se trouvait sur la galerie. Le soleil, levé déjà depuis plusieurs heures, achevait d’évaporer la rosée du matin et du même coup faisait circuler dans l’air le suave parfum des centaines de fleurs dispersées sur un vaste terrain qui semblait être un jardin abandonné. Au delà, un chemin s’enfonçait entre les arbustes, qui semblaient être en train d’envahir le jardin, et disparaissait derrière un méandre. Attirée par l’inconnu, Isabelle se leva et alla dans cette direction.

À son retour, Marcel était dans la cuisine. Il avait préparé du café et il s’affairait à disposer sur la table les achats qu’ils avaient fait la veille en vue de leur petit-déjeuner.

T’étais où ?
En arrière de la maison, il y a un chemin et je l’ai suivi.
Et il mène où ?
Jusqu’à la rivière.
C’est tout ?
Non, il y a aussi une tour.
Une tour ?
Oui, une sorte de tour en pierres toute déglinguée. C’est à se demander comment elle peut encore tenir debout.
Comment ça se fait qu’il y a une tour à cet endroit. À quoi elle pouvait servir ?
Je ne sais pas Marcel. Faudrait s’informer.
Ouais. Après le petit-déjeuner, nous irons au village pour nous approvisionner. Nous pourrons demander.
Il y avait des mots écrits sur une des pierres au dessus de la porte.
Il y avait une porte ?
Oui.
Et tu es entrée ?
Bein non, voyons ! C’est en ruine. Tout peut s’écrouler d’une minute à l’autre. En plus, elle était barrée.
Donc, tu as essayé de l’ouvrir ?
J’ai juste poussé un peu.
Isabelle !
...
Et qu’est-ce qui était écrit sur cette pierre ?
Je ne m’en souviens plus.
Voyons donc, Isabelle. Comment tu peux ne pas t’en souvenir toi qui est si fière de ta mémoire phénoménale ? Je ne te crois pas. Fais un effort.
Je t’assure Marcel que j’essaie de m’en souvenir, mais il n’y a rien à faire, je n’y arrive pas.
Dans ce cas, nous allons tout de suite y retourner pour voir cela. Je suis intrigué.
Moi, je n’ai pas envie d’y aller. Vas-y tout seul. Je vais t’attendre ici.
Ok. J’y vais.

Marcel voulut l’embrasser avant de partir, mais il ne put le faire. Inexplicablement, elle s’était esquivée à son approche et il ne put échanger qu’un lointain regard avec elle, alors qu’il avait déjà traversé la porte. Elle lui parut étrangement triste.

Il marcha rapidement et en arrivant près de la rivière il ne trouva pas de tour, seulement un tas de pierres. Sur l’une d’elles, il put deviner ces mots faiblement gravés :

Isabelle vient éteindre le lumignon du croquembouche