vendredi 28 octobre 2011

Les Corrections - Jonathan Franzen (suite et fin)

J’ai enfin terminé la lecture des Corrections. Fiou !

Une belle écriture, assurément, mais pénible à lire. C’est long ! Et je peux imaginer aussi comment cela a dû être pénible à écrire.

Malgré les difficultés rencontrées, les passages et chapitres concernant les trois enfants de la famille Lambert valent la peine d’être lus. Le cheminement de chacun d’entre eux au cours des mois qui précèdent le moment où ils prendront la décision de faire hospitaliser leur père, un coup passé la période des Fêtes, est minutieusement décrit et constitue la trame de cet ambitieux roman.

Le problème, c’est le discours intérieur d’Alfred, le père, un homme souffrant de la maladie de Parkinson et probablement aussi de la maladie d’Alzheimer même si cela n’est pas mentionné. À la fin du roman on mentionne un diagnostic de démence. Ce fut peut-être un tour de force pour l’écrivain d’arriver à si bien représenter les pensées qui peuvent traverser l’esprit d’un homme accablé par une telle déchéance mentale et physique, mais ce l’est tout autant pour le lecteur. Je peux en témoigner. Je crois que je mérite une médaille.

Pas certain du tout que je lirai Freedom.

lundi 24 octobre 2011

Lectures et cinéma de la semaine

Le temps passe et mes lectures n’avancent guère, car j’y consacre très peu de temps, à peine un vingt minutes ou une petite heure, parfois, le soir, avant d’aller me coucher.

Cependant, j’ai quand même réussi à terminer le livre de Harry Mulisch, « Siegfried, une idylle noire ». Mulisch est supposément le meilleur écrivain hollandais. J’espère que ses autres romans sont meilleurs que celui-ci. «Siegfried» démarre en lion mais se termine en lapin. Lapin ? Est-ce bien la bonne expression ? Peu importe, l’idée se comprend. C'est le récit d’un vieil écrivain hollandais qui se rend en Autriche pour recevoir un prix littéraire en hommage à son dernier roman. Au cours de son séjour, il fait connaissance avec un couple de vieillards qui ont été au service de Hitler dans son refuge alpin. Ils lui révèlent que Hitler a eu un enfant avec Eva Braun, mais qu'il l'a fait assassiner parce qu'il avait des doutes sur la pureté aryenne de Eva. C'est intéressant, surtout au début. Malheureusement, la dernière partie est la reproduction d’un journal intime supposément écrit par Eva Braun qui raconte les derniers jours du 3e Reich, un peu comme une reprise du film La Chute. Dans ce journal fictif, elle confirme l’existence de cet enfant. C'est un peu... bof...

J’ai fait quelques avancées dans «Les Corrections» de Jonathan Franzen sans que ça me donne le goût de m’y investir davantage, mais je le finirai un jour, c’est certain !

Par contre, j’ai lu avec beaucoup de plaisirs quelques chapitres de plus dans «L’Oeuvre au Noir» de Marguerite Yourcenar.

Il y a aussi un livre de bandes dessinées qu'on m'a passé et qui retient parfois mon attention. J'en lis une section de temps en temps. Il s’agit de «Palestine» de Joe Sacco. Un album de journalisme en bande dessinée consacré à l’Intifada palestinienne du début des années 90. C’est en noir et blanc, donc assez sombre, et les plans ne sont pas toujours disposés de gauche à droite de façon linéaire. De plus, les textes sont souvent éparpillés dans le dessin, de sorte que cela nécessite une certaine adaptation pour s’y comprendre. Mais c’est sans aucun doute fait avec beaucoup d’honnêteté, le dessinateur n’omettant pas ses gaffes et erreurs de jeune américain souvent naïf et parfois même un peu con qui cherche à établir des contacts lors d'un voyage au Moyen-Orient dans des sociétés fortement marquées par la violence et les ségrégations.

Je me suis retenu très fort pour ne pas courir aller m’acheter un livre de Jacques Côté. C'est un écrivain de Québec qui a publié ce mois-ci un roman historique « Le sang des prairies», deuxième de la série «Les Cahiers noirs de l’aliéniste», qui raconte les aventures de Georges Villeneuve, un médecin québécois spécialiste en médecine légale à la fin du 19e siècle. Dans «Le sang des prairies», il est encore aux études. Pour payer celles-ci, il s’est engagé dans la milice et il est appelé à aller enquêter sur les lieux d’un massacre qui a eu lieu lors du soulèvement des métis. Le site des éditions À Lire est vraiment très bien fait et on peut feuilleter en ligne une trentaine de pages de chacun des romans qu’ils ont publiés. C’est ainsi que j’ai découvert une série de quatre romans de Jacques Côté ayant pour héros Daniel Duval, un enquêteur de la Sûreté du Québec. Ce que j’ai lu m’a beaucoup plu et je suis certain que je vais mettre la main sur l’un d’eux à la prochaine occasion.

À part de cela, côté cinéma, la semaine passée nous avons été voir Moneyball avec Brad Pitt dans le rôle principal. Nous avons beaucoup aimé. Rien de spectaculaire, mais c’est intelligent et bien joué, et... sans sexe ! Ça c’est rare ! Cette semaine, deux films québécois nous attirent : Marécage et Décharge. La discussion ne nous a pas encore permis de prendre une décision quant à savoir lequel nous irons voir. J'irais bien aux deux, mais c'est un peu utopique de croire que cela se réalisera.

La journée a été bonne aujourd'hui en écriture malgré la fatigue occasionnée par mon travail de fin de semaine. La réécriture que j'avais entreprise parce que je ne savais plus trop où je m'en allais avec mon intrigue est terminée et j'ai recommencé à écrire du nouveau stock. J'en suis bien content.


mardi 11 octobre 2011

Marguerite Yourcenar

Hier soir, j’ai été voir «Sur les traces de Marguerite Yourcenar», un documentaire de la réalisatrice québécoise Marilù Mallet présenté au cinéma Parallèle.


Je connais assez bien Yourcenar pour avoir déjà suivi un cours d’une session sur son oeuvre en 2002. J’ai une dizaine de ses livres dans ma bibliothèque. Si je suis allé voir ce film, c’est à cause de l’un d’eux : L’Oeuvre au Noir. C’est aussi à cause de lui que j’avais choisi de suivre ce cours. Il a été publié en 1968, mais je suis à peu près certain de ne pas l’avoir acheté à ce moment là. Je dois l’avoir emprunté à la bibliothèque au cours des années 70 ou 80. Chose certaine, je l’ai lu plusieurs fois. Je crois me rappeler avoir déjà dit que je le lisais à tous les cinq ans environ, motivé à chaque fois par un rappel quelconque de son existence et par la forte impression que je gardais de certains passages. Dans le film d’hier, on peut voir que Yourcenar est venue à Québec en décembre 1987. C’est l’année de mon emménagement à Montréal, mais j’ai sûrement dû le relire une fois de plus à cette occasion.


Cette fois, c’est en parcourant un blogue «Chevaliers des Touches» tenu par un écrivain français Martin Winckler que ce roman est revenu dans ma vie. Winckler est connu pour avoir écrit un roman, La Maladie de Sach, dont Michel Deville a fait un très beau film en 1999. Sur son site internet, il invite les gens à y parler des livres ou des films qui les ont marqués pendant leur enfance. L’entrée du 10 octobre traitait de trois romans : Les Enfants du Capitaine Grant de Jules Vernes, Nadja d’André Breton et L’Oeuvre au Noir de Yourcenar. En lisant cela, je me suis levé de mon siège pour aller chercher l’exemplaire, que je m’étais acheté quand j’ai suivi le cours, et je l'ai feuilleté.


Je devais être un peu nostalgique ce matin là, car un peu plus tôt, j’avais fait une recherche pour trouver des informations sur l’auteur du premier livre que j’ai eu dans ma vie : L’Or des Incas. Je l’avais gagné comme prix de fin d’année en troisième année. Je devais avoir 8 ans environ. Au cours de cette recherche, j’ai appris que son auteur, Jacques Seyr, était un des pseudonyme utilisé par Henri Vernes, le créateur de Bob Morane, le célèbre aventurier des éditions Marabout de ma jeunesse. L’Or des Incas est un livre qui m’a énormément marqué et je crois qu’il est à l’origine de mon amour de l’Histoire. Il raconte la conquête de l’empire inca par les espagnols. Du même auteur j’avais acheté plus tard un autre livre sur la conquête du Mexique par Cortès.


Je crois que j’ai fait cette recherche afin de tenter de m’expliquer le plaisir que je ressens de ce temps-ci à traduire en français El Establecimiento de la Dominacion Espanola en Colombia, un livre de l’historien colombien Jorge Orlando Melo. C’est vraiment très intéressant de lire l’histoire de la découverte des Amériques à travers le regard d’un latino-américain. À côté de cela, les livres qui racontent cette histoire en français sont, à mon avis, d’une fadeur incommensurables.


Avant d’aller voir le film, j’ai relu le premier chapitre de L’Oeuvre au Noir. Zénon, le personnage principal, est en route pour Compostelle où il compte aller étudier l’alchimie auprès d’un vieux savant. En chemin, il rencontre Henri-Maximilien, son cousin, qui, lui, est en route pour s’engager dans l’armée de François 1er alors en lutte contre Charles Quint. Contrairement à Zénon, qui entend développer son esprit loin des inepties de ce monde, Henri-Maximilien veut connaître la gloire à travers la guerre. Zénon veut parcourir le monde, non pour le conquérir, mais pour l’étudier, car «Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ?» et il est persuadé que quelqu’un l’attend là-bas au-delà des Pyrénées. Qui, lui demanda Henri-Maximilien ? «Moi-même» lui répondit Zénon.


Le film de Marilù Mallet m’a déçu. À mon avis sa réalisation n’est pas à la hauteur du grand personnage dont elle veut cerner la vie. Tout le long du film, des scènettes reconstituent certains moments de la vie de Marguerite : enfant, adolescente, jeune adulte... en prenant comme décor les lieux où ces moments ont pu se passer. C’est très faible en comparaison des bouts d’entrevues où on peut voir et entendre Yourcenar. Les entrevues où certaines personnes, dont plusieurs québécois, qui l’ont connue raconte leurs rencontres avec elle sont intéressantes, mais sans plus.


jeudi 6 octobre 2011

Hitler et le mal absolu

Cette semaine, j’ai eu connaissance d’une conférence à l’institut Goethe de Montréal sur L’attentat, un roman de l’écrivain hollandais Harry Mulisch. Comme le sujet traité dans ce livre m’intéressait : l’histoire d’un homme dont toute la famille a été assassinée par les allemands en 1945 parce qu’un policier collaborateur a été exécuté devant leur maison par la résistance hollandaise. Tout au long de sa vie, diverses rencontres vont lui apporter des explications de plus en plus complexes et ambigües sur les raisons de la mort de ses parents et de son frère.


Je n’avais jamais entendu parler de cet écrivain, mais par curiosité j’ai fait une recherche sur lui et j’ai voulu me procurer ce livre avec l’intention d’aller à la conférence. Comme je n’ai pu le trouver ni à la Bibliothèque Nationale ni dans le réseau de la ville de Montréal, j’ai fait le tour de diverses librairies pour arriver au même résultat, sauf que j’ai pu mettre la main sur un autre de ses romans, Siegfried, dans lequel un célèbre romancier raconte comment il a pu faire connaissance avec un couple qui a élevé le fils d’Adolf Hitler et d’Eva Braun. Une fiction qui essaie de contribuer à l’énigme du mal absolu.


J’ai commencé à le lire. Oui, je sais, je suis déjà en train de lire Les Corrections de Jonathan Franzen, que j’apprécie d’ailleurs beaucoup plus depuis que je suis arrivé dans la partie où le personnage de Denise, la plus jeune de la famille, est présenté ; mais, c’est comme ça, il y a parfois des urgences dans mes lectures qui exigent un abandon temporaire d’un livre pour un autre. On dit de Mulisch que c’est un écrivain d’une grande érudition. Je m’en rends compte. Ses références à Goethe, Shakespeare, Strauss contribuent en effet à élargir mes connaissances, mais j’avoue que je dois pédaler fort pour ne pas perdre le fil. Les circonvolutions de sa pensée sont aussi d’ailleurs assez complexes, mais n’empêchent pas d’être captivé par le récit, car comme le dit l’éditeur sur la quatrième de couverture c’est un conteur exceptionnel. Entre temps, j’ai vu sur le site internet de l’institut Goethe de Montréal que L’attentat est disponible dans certaines librairies.


Cependant, ce qui m’a initialement donné envie d’écrire quelque chose là-dessus et de le publier ici est une phrase que j’ai trouvé dans Siegfried : même si «Staline et Mao avaient, eux aussi, ordonné des massacres, ils n’étaient pas énigmatiques. Aussi, leur avait-on consacré beaucoup moins de livres... Hitler était unique en son genre. C’était peut-être l’homme le plus énigmatique de tous les temps». Cette affirmation m’a agacée. Je ne crois pas que Hitler est plus énigmatique que Staline ou Mao ou qu’il soit plus que ceux-ci l’incarnation du mal absolu. Je crois plutôt que ce sont de pauvres types qui ont été complètement dépassés par l’ampleur que l’Histoire a donné à leur personnage. Je ne crois pas que Hitler se voyait comme une incarnation du mal. Au contraire il a fait tout ce qu’il a fait pour le bien de l’Allemagne. Mais disons qu’il s’est un peu écarté en chemin et que finalement il s’est retrouvé seul avec lui-même un certain jour d’avril 1945. À suivre...