jeudi 24 janvier 2013

Un roman de Paul Auster : Seul dans le noir



Je sais, j’avais déjà beaucoup de lectures en cours et j’en ai rajouté. Pourtant je ne lis pas tant que ça. Cela dépend des jours. Parfois je ne lis que les informations sur les sites de quelques journaux (Le Devoir, La Presse, Le Monde, Rue 89), mais parfois aussi je me lance dans un livre et j’y passe la plus grande partie de la journée. Quand je ne travaille pas bien sûr. 

En lisant des trucs sur le forum d’Atramenta, le site où je mets en ligne des textes que j’écris, j’ai trouvé une référence à un roman japonais : La pierre et le sabre, de Eiji Yoshikawa. Cela a éveillé ma curiosité et je me suis rendu à la succursale de la bibliothèque municipale de mon quartier pour me le procurer. En me dirigeant vers la section des romans, j’ai frôlé une des tables où la bibliothèque expose des livres choisis selon des thématiques qui varient de semaine en semaine et mes yeux se sont arrêtés sur un roman exposé là : Seul dans le noir, de Paul Auster. Je l’ai feuilleté et je l’ai pris en plus du roman japonais. 



En revenant chez moi, j’ai aussitôt commencé à lire le livre de Auster


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August est un journaliste retraité de 72 ans qui est resté handicapé à la suite d’un accident d’automobile survenu peu de temps après la mort de sa femme. Sa fille unique, Miriam, âgée de 47 ans divorcée depuis 5 ans et toujours inconsolable, l’a invité à venir vivre chez elle au Vermont, le temps de sa convalescence. Quelques temps après, elle a aussi recueilli Katya, son unique enfant âgée de 23 ans, qui vient d’abandonner ses études en cinéma à la suite de l’assassinat en Irak de Titus, un jeune homme avec qui elle était en relation depuis plusieurs années. 

August souffre d’insomnie : «Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m’efforçant de venir à bout d’une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain». Pour ne pas penser à ce qu’il préfère oublier, il s’invente une histoire dans laquelle un homme se réveille dans un autre monde, un monde parallèle en se basant sur une théorie développée par Giordano Bruno, un philosophe italien du 16e siècle. Selon celui-ci, l’univers est infini et est peuplé d’une infinité de soleils identiques au nôtre entourés d’une multitudes de planètes qui peuvent abriter des êtres comme nous. Évidemment, il sera brûlé vif pour cette hérésie. La télésérie Les rescapés présentée à Radio-Canada s'inspire de ses théories et une partie de l'intrigue se déroule autour d'un manuscrit de Giordano Bruno. Dans son roman, Auster utilise lui aussi à sa façon les théories du philosophe italien. Il fait dire à un de ses personnages que "il n’y a pas qu’un seul monde. Il y en a plusieurs et ils existent tous parallèlement les uns aux autres, mondes et antimondes, mondes et mondes fantômes, et chacun d’entre eux est rêvé ou imaginé ou écrit par un habitant d’un autre monde. Chaque monde est la création d’un esprit" (p.75).     

C’est fou, hein ? C’est pour cela que j’ai abandonné ma lecture. Je connais un peu Paul Auster et bien que j’ai déjà apprécié quelques unes de ses oeuvres, je sais aussi qu’il peut parfois être un peu barbant avec ses histoires où on n’arrive pas à savoir qui est qui tellement il aime confondre le lecteur avec des jeux sur l’identité du narrateur, et je me suis plongé dans La pierre et le sabre


Couverture

L’intrigue de La pierre et le sabre se déroule au Japon à la même époque que le célèbre Shogun de James Clavell. Il paraît cependant qu’il respecte plus le contexte historique que le romancier américain. Paru dans les années 1930 sous la forme de feuilletons dans un grand quotidien, il a eu un énorme succès. J’ai beaucoup aimé les premiers chapitres, autant par intérêt pour le contexte socio-historique qu’il me faisait découvrir que pour ses péripéties dans lesquels deux jeunes garçons partis à la guerre se retrouvent blessés après une bataille que leur armée a perdue. Cette bataille a été marquante dans l'histoire du Japon, car elle marqua l'avènement du système Tokugawa qui gouverna le Japon pendant plus de deux siècles après avoir fermé les frontières pour empêcher les contacts avec l'Occident et après y avoir instauré une ère de paix au cours de laquelle les samouraïs se convertir en bureaucrates. Ne pouvant plus combattre ils développèrent une philosophie de maîtrise de soi et utilisèrent l'escrime comme un moyen pour former leur caractère. 

C'était très intéressant, mais j’ai décroché au bout de quelques chapitres de lecture lorsque le héros se met à accomplir des exploits dignes des films de Kung-fu et je suis retourné au roman de Auster. Je viens d’en terminer la lecture après y avoir la presque totalité de la journée.     

Bien que l’histoire que se raconte August, le personnage principal de Seul dans le noir, qui souffre d’insomnie ne tient pas debout, sa structure est quand même intéressante. Le personnage qu’il invente se retrouve dans un monde parallèle : les États-Unis y sont déchirés par une guerre civile entre des états qui ont déclaré leur indépendance et le gouvernement fédéral. Ce personnage, Brick, se voit ordonné d’aller assassiner un homme parce que c’est dans la tête de celui-ci que se déroule cette guerre. En le tuant, il y mettra fin. Évidemment, cet homme n’est nul autre qu’August. Donc, celui-ci s’invente une histoire dans laquelle il sera assassiné. Sauf que Brick n’a pas du tout envie de tuer quelqu’un et qu’il se défile sans arrêt. Finalement, il se fera tuer lui-même, ce qui mettra fin à l’histoire qu’August se raconte, car celui-ci a autre chose à faire que de se raconter des histoires : sa petite-fille, qui ne dort pas elle non plus, vient se coucher avec lui comme elle le faisait quand elle était petite, et elle lui demande de lui parler de sa grand-mère, de lui raconter comment il l’a connue et comment ils s’étaient séparés et retrouvés plusieurs années plus tard. En échange, August la questionne sur sa relation avec Titus, le fils d’un couple d’amis qui s’est enrôlé comme chauffeur de camion dans une compagnie privée qui fournit du personnel à l’armée d’occupation américaine en Irak où il sera exécuté après avoir été enlevé.  

L’histoire du monde parallèle qui occupe pourtant près du trois quart du livre n’est finalement qu’un prétexte un jeu auquel se livre Auster. Il a peut-être une signification sous-jacente, mais je ne l’ai pas saisie à une première lecture et je ne crois pas que je vais me lancer dans une deuxième lecture. Par contre, la lecture de ce roman m’a donné envie d’écrire ce que vous venez de lire.  

mardi 8 janvier 2013

Lectures d’hiver


De retour à une vie plus tranquille après les diverses perturbations que nous a apportées cette année la période des fêtes de Noël et du Jour de l’An. 

Je croyais avoir annoncé ici la fin de mon écriture du premier épisode de Hugues et les Vikings. Je viens de me rendre compte que je ne l’avais pas fait. Le 10 décembre j’ai publié un post intitulé L’introduction de Hugues et les Vikings, mais, contrairement à ce que je pensais, je n’avais pas annoncé que l’épisode au complet était disponible sur le site d’Atramenta. Je dois avoir fait cela un peu avant Noël, le 20 décembre peut-être. Je viens d’effectuer les corrections qui s’imposaient sur ce post qui n’était pas actualisé, car j’y disais que je poursuivais l’écriture du premier épisode et qu’une dizaine de pages étaient disponibles sur Atramenta. En réalité il s’agit de 46 pages.

Je n’ai rien écrit au cours des dernières semaines. Peu lu aussi. En ce lundi 7 janvier 2013 je me retrouve cependant quelque peu déboussolé. J’ai beaucoup travaillé sur Hugues et les Vikings au cours du mois de décembre et je ne ressens pas l’envie de continuer cette histoire parce que cela impliquerait que je fasse énormément de recherches historiques dans un domaine que je ne connais pas beaucoup et qui est peu développé en français : la société musulmane espagnole du IXe siècle. De plus, comme j’ai reçu des commentaires très positifs sur Maria !  ainsi que sur les pages de la Question du temps qui sont disponibles aussi sur Atramenta, cela me donne envie de replonger dans ce roman pour tenter, encore une fois, de l’achever. Il se pourrait aussi que je me laisse tenter par une nouvelle idée qui me trotte dans la tête depuis quelque temps. Je vais voir.  

Quoi qu’il en soit, j’ai aussi beaucoup de lectures en attente et c’est de cela que j’aimerais parler. 



1) Les frères Karamazov


Je traîne cette lecture depuis des mois. Passionné au début, je l’ai quand même délaissée, car trop d’autres lectures sont venues me tenter. Et puis, c’est un peu longuet. J’en suis à la page 700 sur les 953 que compte le volume et je ne sais pas quand j’aurai le temps et le goût de m’y remettre. 



2) Le rêve de Champlain


Couverture du livre
J’ai reçu ce livre en cadeau à Noël et j’ai aussitôt commencé à le lire. C’est très bon. Je ne suis pas un passionné d’Histoire du Canada, mais si on me propose une lecture renouvelée de cette histoire, je suis preneur, et c’est justement le propos de David Hackett Fisher, un historien américain. Je crois que l’historiographie américaine peut nous offrir un regard neuf sur notre histoire. La barrière de la langue nous a longtemps empêchés d’accéder à un point de vue extérieur sur notre histoire. La traduction que nous offre les éditions Boréal est salutaire, car nous avons été trop longtemps à la merci d’historiens ayant une interprétation complaisante de notre passé. C’était normal dans le contexte d’une société qui voulait s’affirmer, mais la mondialisation nous oblige maintenant à jeter un regard plus objectif sur nos origines si nous voulons nous prendre nous-mêmes au sérieux.

Les Indiens, la fourrure et les Blancs




J’avais déjà ressenti un émerveillement semblable il y une vingtaine d’années en lisant Les Indiens, la fourrure et les Blancs, de Bruce G. Trigger, un professeur d’anthropologie de l’université McGill. Étrangement, la page couverture de ce livre reproduit exactement le dessin qu'utilise David Fischer pour illustrer son introduction au personnage de Champlain dans le Rêve de Champlain.  









One Vast Winter Count: The Native American West before Lewis and Clark (History of the American West)






Dans la même veine, il y a un chapitre dans le livre de Colin G. Calloway : One vast winter count, the native american west before Lewis and Clark, qui joue le même rôle. Il s’intitule Calumet and Fleur-de-lys et décrit la relation particulière qui unissait les Français aux Indiens d’Amérique. Il y a aussi plusieurs autres chapitres hyper passionnants dans ce livre dont un sur l’histoire de la diffusion du cheval dans les plaines de l’ouest : The coming of the centaurs, et un autre qui raconte tout un pan de l’histoire que l’on ne connaît pour ainsi dire pas ici : l’emprise des Espagnols sur le nord du Mexique et sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le Texas, le Nouveau-Mexique, l’Arizona, ainsi que toute l’histoire des guerres qu’ils ont dû mener contre les tribus indiennes qui occupaient ce territoire où ils ont aussi rencontré des coureurs des bois canadiens-français. 






J’ai découvert le livre de Calloway en lisant 1491 de Charles C. Mann. Il y disait que bien qu’il avait écrit un chapitre sur l’histoire des Indiens des plaines nord-américaines avant l’arrivée des occidentaux, il ne l’avait pas inclus dans son essai parce Calloway le faisait déjà très bien dans son Vast winter count. Cela m’avait amené à lire son introduction et son premier chapitre disponibles sur Amazon.com et, même si je ne suis pas parfaitement bilingue, je l’ai acheté, et je ne le regrette pas.    





Ce qui m’a aussi poussé à inscrire le Rêve de Champlain dans ma liste de cadeaux souhaités pour Noël, c’est que j’avais appris qu’on y parlait d’un voyage que Champlain aurait fait dans les possessions espagnoles en Amérique, dont Cartagena en Colombie. Je rêve toujours d’écrire une histoire comparée de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Grenade, la Colombie actuelle.       



3) L’enquête de Philippe Claudel

Un achat impulsif que j’ai fait la veille du Jour de l’An alors que j’attendais en file dans une librairie pour payer des cadeaux que je voulais offrir à mes petits-enfants. Je n’en ai lu que quelques pages. Le temps m’a manqué pour aller plus loin.













4) Haine froide, À quoi pense la droite américaine ? de Nicole Morgan. 


Haine froide : à quoi pense la droite américaine ? - NICOLE MORGAN


Un essai que m’a conjointe s’est acheté et qui m’apparaît fort pertinent en ce temps où l’on parle de contrôle des armes à feu et de mur budgétaire dans un débat où nous avons du mal à comprendre comment des gens supposément intelligents peuvent défendre des idées aussi idiotes que le créationnisme ou la liberté totale pour les entreprises. D’après ce que j’ai lu dans son introduction, l’auteure concentre beaucoup son analyse sur l’idéologue Ayn Rand dont la philosophie haineuse nourrit la droite américaine.


5) Lectures sur le site Atramenta

Voulant recevoir plus de commentaires et avoir plus d'interactions avec d'autres auteurs sur ce site, je me dois d'y être plus présent et d'y lire et commenter des oeuvres qui y sont publiées. Comme dans toute chose, cela fonctionne beaucoup donnant-donnant. Si tu veux que je commente tes textes, commente les miens. C'est correct, mais cela demande un important investissement de temps.

Bien qu'on y trouve beaucoup de poésie, un domaine qui ne m'a jamais attiré, il y a aussi beaucoup de nouvelles, romans courts et romans longs. C'est difficile d'identifier ce qui vaut la peine ou non d'être lu, mais à force d'y fureter j'ai identifié plusieurs auteurs intéressants, très intéressants mêmes. 


6) Lost 

En plus de tout cela, je continue le visionnement de la télésérie Lost. Je l'inclus dans ma liste de lectures, car bien que ce soit télévisuel, c'est aussi un fascinant exercice de narration, qui est avant tout un travail d'écriture. 
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Il y a aussi Mad Men, la série préférée de ma conjointe, que j'accompagne dans ses visionnements alors que elle, par contre, ne veut pas regarder Lost qu'elle juge trop violent.