J'ai découvert le site des "Impromptus littéraires" (lien ici) en visitant le blog de "Ma Cocotte" ( lien ici)
et j'avais trouvé le blog de la Cocotte dans les commentaires du site "Chevaliers des touches" de l'écrivain Martin Winckler (lien ici). Lui, je ne me rappelle plus trop comment je l'ai trouvé. Probablement que c'est en effectuant une recherche sur le film "La maladie de Sachs", réalisé par Michel Deville en 1999 à partir du roman de Winckler (lien ici).
Je n'ai pas touché à mon roman au cours de la périodes des Fêtes et depuis je ne ressens pas un gros désir de m'y remettre. Je suis tanné de toujours baigner dans la même histoire. Une histoire que je n'arrive plus à développer. Depuis des mois, je ne fais que corriger ou modifier des passages qui m'apparaissent faibles et il me semble que je n'en finirai jamais.
À chaque semaine, le site des "Impromptus littéraires" propose de créer un texte à partir d'un thème. Je crois que cela pourrait m'être bénéfique de participer à cette activité.
Le thème de cette semaine :
"Ancien moulin, tourelle, colombier ou gâteau de pierre, vous ignoriez que l'édifice recelait un document en partie effacé, un étrange puzzle de mots énigmatiques : parfum, consentir, lumignon, croquembouche, impitoyable.
En utilisant tous les mots sous la forme qui vous plaira, imaginez en vers ou en prose ce qui vous semble être le message original caché dans la tour."
Voici donc celui que j'ai écrit. Cela s'appelle "Les mots oubliés".
Cette année-là, Isabelle et Marcel voulurent faire changement pour leurs vacances. Au lieu de partir en auto explorer une région ou l’autre du pays, ils avaient loués une maison de campagne et projetaient d’y passer la plus grande partie de ces semaines si attendues pour se reposer. Ils se rendaient compte en effet qu’ils vieillissaient et que les voyages parsemés d’imprévus ne leur permettaient pas de se détendre autant qu’ils le désiraient afin de pouvoir être en forme pour la rentrée. Au contraire, ils se sentaient parfois plus fatigués à la fin de leur vacances qu’au début et, d’année en année, ils étaient de plus en plus terrorisés devant l’impitoyable tâche qui les attendait.
Le pire, c’était que c’était Marcel qui avait le plus de problèmes même s’il ne voulait pas l’admettre. Isabelle en était même venue à craindre qu’il fasse une dépression et pourtant elle avait eu toutes les peines du monde à lui faire accepter de changer leurs habitudes de vacances. Pour lui, consentir à renoncer à ces semaines de nomadisme revenait à accepter qu’il était désormais incapable de s’offrir la seule possibilité qu’il avait d’échapper à la routine. Évidemment, comme l’idée de ce projet ne venait pas de lui, il bougonnait.
La maison qu’ils avaient trouvés sur internet était à peu près comme Isabelle se l’était imaginée : située à quelques kilomètres du plus proche village et entourée de champs et de boisés qui la séparaient des maisons voisines. Ils en avaient fait le tour à leur arrivée, mais comme il était tard, ils n’avaient pas pu explorer le terrain qui était plongé dans le noir. Au matin, Isabelle s’était levée la première et, en faisant bien attention de ne pas réveiller son homme, elle était sortie par la porte arrière pour aller s’asseoir dans la balançoire qui se trouvait sur la galerie. Le soleil, levé déjà depuis plusieurs heures, achevait d’évaporer la rosée du matin et du même coup faisait circuler dans l’air le suave parfum des centaines de fleurs dispersées sur un vaste terrain qui semblait être un jardin abandonné. Au delà, un chemin s’enfonçait entre les arbustes, qui semblaient être en train d’envahir le jardin, et disparaissait derrière un méandre. Attirée par l’inconnu, Isabelle se leva et alla dans cette direction.
À son retour, Marcel était dans la cuisine. Il avait préparé du café et il s’affairait à disposer sur la table les achats qu’ils avaient fait la veille en vue de leur petit-déjeuner.
T’étais où ?
En arrière de la maison, il y a un chemin et je l’ai suivi.
Et il mène où ?
Jusqu’à la rivière.
C’est tout ?
Non, il y a aussi une tour.
Une tour ?
Oui, une sorte de tour en pierres toute déglinguée. C’est à se demander comment elle peut encore tenir debout.
Comment ça se fait qu’il y a une tour à cet endroit. À quoi elle pouvait servir ?
Je ne sais pas Marcel. Faudrait s’informer.
Ouais. Après le petit-déjeuner, nous irons au village pour nous approvisionner. Nous pourrons demander.
Il y avait des mots écrits sur une des pierres au dessus de la porte.
Il y avait une porte ?
Oui.
Et tu es entrée ?
Bein non, voyons ! C’est en ruine. Tout peut s’écrouler d’une minute à l’autre. En plus, elle était barrée.
Donc, tu as essayé de l’ouvrir ?
J’ai juste poussé un peu.
Isabelle !
...
Et qu’est-ce qui était écrit sur cette pierre ?
Je ne m’en souviens plus.
Voyons donc, Isabelle. Comment tu peux ne pas t’en souvenir toi qui est si fière de ta mémoire phénoménale ? Je ne te crois pas. Fais un effort.
Je t’assure Marcel que j’essaie de m’en souvenir, mais il n’y a rien à faire, je n’y arrive pas.
Dans ce cas, nous allons tout de suite y retourner pour voir cela. Je suis intrigué.
Moi, je n’ai pas envie d’y aller. Vas-y tout seul. Je vais t’attendre ici.
Ok. J’y vais.
Marcel voulut l’embrasser avant de partir, mais il ne put le faire. Inexplicablement, elle s’était esquivée à son approche et il ne put échanger qu’un lointain regard avec elle, alors qu’il avait déjà traversé la porte. Elle lui parut étrangement triste.
Il marcha rapidement et en arrivant près de la rivière il ne trouva pas de tour, seulement un tas de pierres. Sur l’une d’elles, il put deviner ces mots faiblement gravés :
Isabelle vient éteindre le lumignon du croquembouche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire