mercredi 15 février 2012

El ruido de las cosas al caer, un roman de Juan Gabriel Vasquez


El ruido de las cosas al caer est un roman de Juan Gabriel Vasquez, un écrivain colombien né à Bogota en 1973 et qui vit présentement à Barcelone après avoir vécu successivement en France et en Belgique au cours des dix dernières années. Ici, un lien avec une entrevue vidéo, sous-titrée en français, de Juan Gabriel Vasquez.

Le bruit que font les choses en tombant n’est pas encore traduit en français, mais cela ne devrait pas tarder. Il a en effet remporter le prix Alfaguara du meilleur roman 2011, voir le lien ici. Ce n’est pas rien, car ce prix est doté d’une bourse de 175,000 $ en plus de permettre à son lauréat d’être diffusé à travers tout le monde hispanique.

Historia secreta de Costaguana, le roman précédent de Juan Gabriel Vasquez a été publié en espagnol en 2007 et traduit en français en 2010 sous le titre de Histoire secrète du Costaguana, alors que Les Dénonciateurs, traduction de Los Informantes parut en 2004, a été publié en français en 2008.

Personnellement, je n’ai pas beaucoup apprécié Histoire secrète du Costaguana que j’ai lu en français. Malgré que Juan Gabriel Vasquez a déclaré avoir écrit ce roman avec l’idée de s’opposer à l’influence du réalisme magique de Gabriel Garcia Marquez, j’ai, à tord ou à raison, car je n’ai pas analysé mon sentiment en profondeur, fortement ressenti le contraire. Une forte impression de ressemblance avec Cent ans de solitude m’a en effet rebuté dans ce roman qui se déroule entre la Colombie et Panama à l’époque de la sécession de ce dernier.

J’ai beaucoup plus apprécié Los Informantes que j’ai découvert lors de l’un de mes séjours en Colombie. La façon qu’a Vasquez de remonter le temps afin de chercher des réponses aux questions du narrateur sur l’histoire de la vie son père m’a fasciné. Par contre, j’ai été un peu déçu par l’enjeu de cette enquête : le rôle et les effets des dénonciations dans l’élaboration d’une liste de suspects de sympathies nazies pendant la deuxième guerre mondiale. En comparaison avec tous les violences qui se sont produites en Colombie au cours des siècles, le sort de ces allemands retenus prisonniers dans un hôtel pendant quelques années ne m’a beaucoup touché, malgré que l’un d’entre eux, le père de l’un des amis du narrateur, se soit suicidé.

Avec El ruido de las cosas al caer, l’auteur affine son art et réussit cette fois à complètement me captiver avec son histoire qui se déroule en Colombie au cours des quarante dernières années.

Le narrateur commence son récit au milieu de l’année 2009 lorsqu’un hippopotame est abattu près du fleuve Magdalena. La nouvelle a fait sensation dans le pays. L’hippopotame est un animal africain. Il n’y a pas d’hippopotame en Colombie, sauf dans les zoos. L’animal avait été acheté par Pablo Escobar, le célèbre chef du cartel de Medellin qui a été tué par la police en 1994. Son zoo privé, un des plus importants de Colombie, avait alors été abandonné à lui-même. Certains animaux avaient été confié à d’autres zoos, mais les hippopotames s’étaient échappés et étaient retournés à la vie sauvage, causant parfois des dommages aux cultures et menaçant la sécurité des gens.

En écoutant cette nouvelle, Antonio Yammara, le narrateur, se rappelle alors le moment où il a fait la connaissance de Ricardo Laverde alors qu’il jouait au billard dans une salle de jeu de Bogota en décembre 1995. Un appareil de télévision était allumé. À l’heure des nouvelles et, après l’annonce d’un nouvel attentat visant une personnalité politique, un reportage sur l’hacienda abandonnée de Pablo Escobar fut présentée expliquant les difficultés qu’avaient les autorités à gérer cet héritage. Une voix s’éleva alors parmi les joueurs d’une autre table : «Que vont-ils faire avec les animaux ? Ils meurent de faim et personne ne s’en préoccupe». C’était Ricardo Laverde.

Cet homme d’une cinquantaine d’années qu’on disait récemment libéré d’une sentence de vingt cinq ans de prison intrigua Antonio et, au cours des semaines qui suivirent, il tenta de s’en faire un ami. Il y parvint plus ou moins, mais jamais il ne put le faire parler sur son passé. En réponse à son insistant questionnement, Laverde lui dit : «yo mi vida no se la cuento a cualquiera. No confunda el billar con la amistad» (Moi, ma vie, je ne la raconte pas à n’importe qui. Ne confond pas le billard avec l’amitié).

Quelques semaines après ce refus, alors qu’ils marchaient tous les deux sur le trottoir, une moto s’approcha d’eux et le passager armé d’un pistolet les cribla de balles. Laverde mourut sur le coup. Antonio survécut à ses blessures, mais resta dépressif.

Trois ans plus tard, il reçut un appel de la fille de Laverde, Maya. Elle voulait le rencontrer pour savoir ce qui s’était passé les dernières semaines de la vie de son père. Lors de cette rencontre elle lui révèle tout ce qu’elle a pu apprendre au cours de l’enquête qu’elle a menée pour connaître cet homme qu’elle n’a pratiquement pas connu, car il a été emprisonné alors qu’elle avait 8 ans et sa mère lui avait alors dit qu’il était mort. C’est l’histoire d’une vie qui s’imbrique dans l’histoire de la Colombie des années 70 et 80, plus proche cependant du trafic de la drogue que des luttes politiques qui ont déchirées et déchirent encore ce pays.

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