mercredi 15 août 2012

Une lecture de "À la recherche des Mayas" de Victor W. von Hagen


Je viens de terminer la lecture d’un beau petit livre : «À la recherche des Mayas» (voir ici le site du l'éditeur). 



À la recherche des Mayas



Je ne sais pas pourquoi je dis qu’il est petit, car il fait quand même plus de 300 pages. Peut-être qu’il m’apparaît petit si je le compare aux briques qui traînent sur mon bureau depuis quelques mois. Je parle de «1491»(voir ici) et «1493»(voir ici) de Charles C. Mann ainsi que l’histoire des indiens de l’Amérique du nord écrite par Colin G. Calloway : «One vast winter count, the natives american west before Lewis and Clark» (voir ici). J’ai terminé «1491», mais je n’arrive pas à mettre par écrit la critique que je mijote depuis le mois de juin. Quant à «1493» et l’autre, ils sont en anglais et ma lecture est très lente dans cette langue. Lente parce que je suis souvent obligé de réfléchir sur le sens des mots et aussi parce qu’à lire ainsi je me fatigue vite et que cela m’amène à prendre des pauses qui durent parfois des jours. Je l’ai même interrompue pendant presque tout le mois de juillet (ce qu’on appelle des lectures de vacances) pour lire deux romans policiers : «L’homme inquiet» de Henning Mankel et «L’homme du lac» de Arnaldur Indridason. C’est la première fois que je lisais un roman de ce dernier, un islandais, et ce fut une belle découverte. Quand à Mankel, je l’ai trouvé aussi tristounet qu’à l’habitude, mais intéressant étant donné que j’ai le même âge que son personnage, Kurt Wallander, et que son titre «L’homme inquiet» s’applique autant à celui-ci qu’à l’individu sur lequel il enquête ainsi qu’à moi-même. 

C’est dans Le Monde Diplomatique du mois de juillet que j’ai lu un petit compte-rendu du livre de Victor W. von Hagen : «À la recherche des Mayas» :
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les historiens croyaient que les temples enfouis dans la jungle de l’Amérique centrale avaient été bâtis par les Phéniciens, les Carthaginois, les Égyptiens ou même par les tribus perdues d’Israël. Il a fallu que deux passionnés d’archéologie, le diplomate américain John Lloyd Stephens et l’architecte britannique Frederick Catherwood, parcourent pendant quatre ans, de 1839 à 1843, des centaines de kilomètres, notant leurs découvertes dans des carnets de voyage illustrés de dessins d’une remarquable précision, pour apporter les preuves d’une civilisation amérindienne : celle des Mayas. Dans un ouvrage passionnant qui vient d’être traduit en français, l’anthropologue Victor W. von Hagen raconte comment ces deux hommes, bravant tous les dangers, épuisés par le paludisme, mirent au jour une civilisation qui, sans eux, aurait peut-être sombré dans l’oubli.   


Après avoir lu cela, j’ai, par curiosité, vérifié si je pouvais trouver ce livre à la bibliothèque : il y était ! On peut aussi le trouver chez Renaud-Bray.

Le début est un peu lent, l’auteur y faisant un résumé de la vie des deux explorateurs avant leur rencontre à New-York dans un style un peu vieillot (le livre a été publié pour la première fois en 1973, mais, d’après ce que j’ai compris de la date qui est inscrite à la fin de sa préface, il a commencé à y travailler dès 1937. Il a d’ailleurs publié un livre sur Stephens en 1946 et un autre sur Catherwood en 1947 de même qu’une douzaine de livre sur les Mayas et les Incas).

Là, où cela devient passionnant, c’est au chapitre 8, avec l’arrivée des deux compères à Belize qui sera suivie de la narration de leur périple jusqu’à Copan, le premier site maya qu’ils découvriront... exploreront. J’hésite à parler de découverte, car d’autres explorateurs y avaient déjà été avant eux, mais c’étaient des amateurs et leurs récits ainsi que leurs croquis n’étaient pas crédibles. De plus, ils se perdaient dans les plus folles conjonctures sur l’identité des bâtisseurs de ces monuments. Pour eux, il était absolument hors de question d’envisager la possibilité que les ancêtres des «sauvages» qui habitaient ces régions eussent pu concevoir et réaliser de telles merveilles. Stephens et Catherwood étaient déjà réputés pour les récits et les dessins qu’ils avaient publiés sur leur voyages en Égypte et en Arabie. Leur voyage en Amérique centrale était d’ailleurs financé à même les revenus que Stephens avait tiré du succès de ses chroniques de voyages «Incidents of travel in Arabia», alors que Catherwood s’était fait énormément d’argent avec ses immenses panoramas de Jérusalem, Thèbes, Damas et autres grandes citées de l’orient ou de l’antiquité, exposés à New-York. J’ai lu les deux cents pages suivantes en une seule journée !

Von Hagen cite énormément de passages des journaux de voyages et de la correspondance des deux explorateurs, ainsi que de multiples extraits de journaux intimes ou de correspondances de contemporains qui les ont côtoyés et qui étayent leurs dires. Il cite aussi de nombreuses études qui ont été faites par la suite sur les mayas. Malheureusement, elles ne sont pas à date, il leur manque en effet tout ce qui a été publié sur le sujet depuis.

En somme, à une époque où des visites des sites archéologiques mayas sont offertes à tous les touristes qui séjournent dans les tout inclus des côtes du Yucatan, il est bon de savoir dans quelles conditions ces sites ont été explorés. Des hommes ont littéralement sacrifié leur vie pour les mettre à jour. De plus cela peut contribuer, je crois, à nous faire prendre conscience de la fragilité des civilisations. Comme les mayas qui étaient sans doute aveuglés par la magnificence de leurs réalisations, nous pouvons nous aussi disparaître un jour si nous continuons à refuser de voir les signes de notre déclin.   

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