lundi 17 septembre 2012

Heureux sans Dieu




Quel beau titre ! je me suis dit en l’apercevant alors que je faisais une recherche sur internet pour savoir qui était ce Daniel Baril dont je venais de lire un texte dans le journal. 

Heureux sans Dieu

Heureux sans Dieu est un ouvrage collectif dirigé par Normand Baillargeon et Daniel Baril dans lequel 14 personnalités québécoises racontent comment elles sont devenues athées ou, du moins, agnostiques. On y trouve : 

  • Le credo d’une incroyante de Louise Gendron, ex-journaliste à l’Actualité, maintenant à la revue Châtelaine.  
  • De jésuite à athée de Yves Lever, Professeur de cinéma à la retraite au Cegep.
  • Ce que je crois de Cyrille Barrette, professeur de biologie à la retraite à l’Université Laval.  
  • Credo de Arlette Cousture, écrivaine. 
  • Le pari de la raison de Yves Gingras, professeur d’histoire à l’Université du Québec à Montréal.
  • Cette hypothèse dont je n’ai pas besoin de Yanick Villedieu, journaliste scientifique à Radio-Canada.
  • J’ai raison de Ghislain Taschereau, humoriste.
  • Confidences d’un mécréant humaniste de Normand Baillargeon, professeur de philosophie de l’éducation à l’Université du Québec à Montréal.
  • Ma libération de l’emprise de la religion de Louisette Dussault, comédienne.
  • Si Dieu existait, ça se saurait de Daniel Baril, journaliste et rédacteur en chef de la revue Citée Laïque, ex-président du Mouvement laïque québécois.
  • Dieu est incroyable de Martin Petit, humoriste.
  • Crois ou crève ! de Isabelle Maréchal, journaliste et animatrice à la radio et à la télévision.
  • Croire est renoncer à connaître de Louis Gill, professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal.
  • Mythanalyse de Dieu de Hervé Fischer, philosophe.   

Ce livre est présenté comme une «sortie du placard» pour les personnes qui ont osé y publier leur témoignage. La «sortie du placard» est une expression généralement utilisée lorsqu’un homosexuel décide de s’afficher publiquement comme tel, au lieu de vivre sa différence dans la clandestinité. Comme pour l’homosexualité, il y a autour de l’athéisme une désapprobation sociale que certains tentent d’éviter en gardant leurs idées pour eux.   

Cependant, la lecture des différents cheminements qui composent le recueil ne m’a pas beaucoup impressionné et je me suis demandé pourquoi. La réponse la plus plausible qui m’est venue à l’esprit est que peut-être que je trouve, maintenant, tellement normal d’être athée que je ne m’extasie plus devant des témoignages qui, au fond, racontent à peu près la même chose que ce que moi j’ai vécu. Cela est vrai pour les textes dont les auteurs font partie de ma génération et qui ont connu l’époque de la domination de l’Église catholique. Par ailleurs, je crois que des témoignages de personnes plus jeunes qui n’auraient pas reçu la même éducation religieuse, comme mes fils par exemple, m’apparaitraient beaucoup plus intéressants. Ainsi, les témoignages d’Isabelle Maréchal, Ghislain Taschereau et Martin Petit ressortent dans ce recueil, d’une part, par leur contenu et, d’autre part, par leur longueur qui contraste avec les autres témoignages par leur brièveté, comme si cela voulait dire que ça ne vaut pas la peine d’en parler autant. 

Finalement, le plus grand plaisir que m’a donné ce livre, c’est la possibilité que j’ai eu d’y découvrir des références à d’autres livres qui traitent du même sujet et que je me  propose de lire prochainement : 

  • Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins
  • Dieu, l’hypothèse erronée, comment la science prouve que Dieu n’existe pas, de Victor Stenger
  • Et Dieu dit : «Que Darwin soit!» de Stephen Jay Gould
  • Dieu n’est pas grand de Christopher Hitchens 
  • Traité d’athéologie de Michel Onfray
  • L’esprit de l’athéisme de André Comte-Sponville
Le premier de ces livres à me tomber sous la main est celui de Stephen Gould : Que Darwin soit !. Bien qu'il s'intéresse surtout au débat entre les créationistes et les évolutionistes aux États-Unis, il contient une foule d'informations sur Darwin et m'a donné le goût sur cet homme et son oeuvre.   

jeudi 13 septembre 2012

Chercher les forces neuves, participation aux Impromptus littéraires


Cette semaine, la consigne d'écriture sur le site les Impromptus littéraires se libellait ainsi : 

nous vous proposons d'écrire un texte (à votre choix en vers ou en prose) en vous inspirant de cet extrait de poème de Guillaume Apollinaire (Calligrammes) :

"Et de planètes en planètes
De nébuleuses en nébuleuses
Le Don Juan des milles et trois comètes
Même sans bouger de la Terre
Cherche les forces neuves"


Voici mon texte : 


"Et de planètes en planètes, de nébuleuses en nébuleuses, le Don Juan des milles et trois comètes, même sans bouger de la Terre, cherche les forces neuves" qui lui permettront de se lever pour aller s’occuper de la petite avant qu’elle ne réveille sa mère à force de trop pleurer pour avoir sa bouteille. Dur, dur le métier de père, surtout à cinq heures du matin, alors qu’il s’était endormi presque à deux heures après avoir fait l’amour et jasé longtemps ensuite pour essayer de rassurer sa femme au sujet d’une voisine un peu trop aguichante aux yeux de la nouvelle maman encore une fois inquiète d'avoir perdu son pouvoir de séduction sur son homme.

La petite fille se tut à partir du moment où il l’a prise dans ses bras. Délicatement, il descendit au rez-de-chaussé après avoir fermé la porte de la chambre où son épouse dormait d’un profond sommeil. En chemin, il se rendit compte à l’odeur que la couche était pleine. Il voulut la changer sur la table avant de préparer le biberon, mais la petite ne l’entendit pas ainsi et se remit à crier. Il lui donna un jouet en plastique qui trainait à côté et elle se mit la tête de la tortue dans la bouche pour la téter bruyamment. Cela lui donna le temps de sortir le lait, remplir la bouteille et la mettre dans le micro-onde tout en surveillant sa fille qui était couchée au milieu de la table. Il n’y avait plus de tétines propres dans l’armoire et il dut en rincer une de la veille. Dans la fenêtre au dessus du lavabo, la lune brillait encore, mais les étoiles commençaient à s’estomper dans la lueur de l’aube. La porte de la maison d’en face s’ouvrit et il vit un homme en sortir. Louise, la voisine, se tenait dans la porte et il distingua clairement sa nudité dans l’entrebâillement de sa robe de chambre quand elle tendit les bras pour prendre la main de l’homme et se la mettre entre les cuisses, là où son sexe devait être encore tout chaud et mouillé. De son autre main, l’homme s’empara de l’un des seins et le caressa. Ils s’embrassèrent, puis l’amant la laissa pour aller rejoindre son auto stationnée un peu plus loin dans la rue. Elle le regarda s’éloigner et allait refermer la porte quand soudain son regard se porta vers la fenêtre faiblement éclairée où son voisin l’observait. Bien que surprise, elle n'eut pas l'air de se sentir gênée car elle lui sourit. 

Au même moment, la tortue de plastique tomba sur la table et la petite se mit immédiatement à crier, le ramenant à son devoir. Il se précipita pour la consoler, la bouteille à la main. L’enfant s’en empara goulument et il n’eut qu’à l’aider à la tenir en équilibre au dessus d’elle, ses petites mains ne réussissant pas à le faire. Il la regarda boire et, en dedans de lui, il se sentit rempli d’une nouvelle force. Il restait la couche à changer, mais ce n’était rien. Il était certain que sa fille allait se rendormir et qu’il aura le temps ensuite de se glisser auprès de sa femme pour se fondre encore en elle avant qu’il ne soit l’heure de se lever pour aller travailler. 


mardi 4 septembre 2012

La correction, participation aux Impromptus littéraires


Voici ce que j'ai écrit pour participer au thème de la semaine sur le site des Impromptus littéraires. Il s'agissait d'écrire un texte selon directive suivante : 
Le mot correction a pris des sens très différents.
Dites-nous, en vers ou en prose, ce qu’il évoque pour vous.



La correction

La leçon fut donnée par l’équipe de soir tout de suite après le départ des patrons, vers 17 heures. Nous étions en négociations pour le renouvellement de la convention collective et, en guise de moyen de pression, le mot d’ordre avait été lancer de refuser de faire du temps supplémentaire. 

Dès 15 heures, la rumeur s’était répandue que l’un des pressiers de l’équipe de jour continuait de travailler. Alerté, le délégué syndical se rendit auprès de celui-ci pour lui rappeler, presque en s’excusant car c’était un homme qu’il respectait énormément, qu’il ne devrait pas être là. L’autre lui répondit qu’il devait terminer ce travail, car il était promis pour le lendemain et qu’il n’y avait personne d’autre qui pouvait le faire. Peu importe, lui a répondu le délégué, il faut que tu obéisses au mot d’ordre sinon tu risques d’avoir des ennuis. Mais l’homme avait la tête dure et il n’arrêta pas sa machine. 

Dans l’atelier, l’agitation était à son comble. Les ouvriers allaient d’un poste de travail à l’autre pour discuter de ce qu’il fallait faire. Puis, d’un commun accord, tous arrêtèrent leur machine pour se diriger, avec plus ou moins de détermination selon chacun, vers l’unique presse encore en opération. Le délégué fut le dernier à se joindre à eux. Il les suivit en se traînant les pieds. En silence, ils entourèrent le travailleur récalcitrant qui, par réflexe devant l’éminence d’un problème, tendit la main vers le tableau de contrôle pour interrompre l’approvisionnement en papier de la presse et stopper ensuite son moteur. Personne n’osait prendre la parole le premier et, finalement, tous se tournèrent vers le délégué qui se tenait un peu en retrait. Mal à l’aise, celui-ci s’avança devant le pressier et, après s’être raclé la gorge, il lui dit qu’il devait s’en aller sur le champ. L’autre protesta. Un coup de poing en provenance de l’un des plus véhéments partisans de la manière forte s’abattit sur sa mâchoire. Le délégué s’interposa immédiatement, prit la victime par les épaules et le poussa rapidement vers la porte de sortie.      

La correction vint deux ans plus tard. Entre temps, l’entreprise avait fermé ses portes, laissant sur le pavé une centaine de travailleurs qui s’étaient tous lancés en même temps dans une course à l’emploi rendue encore difficile par le contexte économique. Un jour, l’ex-délégué syndical vit une annonce dans le journal offrant un poste dans son domaine de travail. Il se rendit sur place, rencontra le directeur des ressources humaines avec qui il eut une très prometteuse conversation et ils effectuèrent ensuite ensemble une visite de l’usine. En chemin, ils croisèrent un homme que le directeur lui présenta comme étant son nouveau contremaître. Cependant, contrairement au bon usage, celui-ci ne s’avança pas pour lui serrer la main, mais pris plutôt le directeur par le bras pour l’amener à l’écart et s’entretenir avec lui à voix basse tout en jetant un regard noir vers l’ex-délégué. C’était l’homme qui avait reçu le coup de poing. 

Affichant un sourire des plus aimables qui contrastait avec la froideur de son regard, le directeur revint vers le demandeur d’emploi pour lui expliquer qu’il devait interrompre la visite qu’ils étaient en train de faire, car un grave problème requerrait son attention immédiate. Tout en l’entraînant vers la porte de sortie, il l’avisa qu’il présenterait sa candidature au bureau de la direction et qu’on l’appellerait dans les semaines suivantes si elle était retenue.