mardi 11 octobre 2011

Marguerite Yourcenar

Hier soir, j’ai été voir «Sur les traces de Marguerite Yourcenar», un documentaire de la réalisatrice québécoise Marilù Mallet présenté au cinéma Parallèle.


Je connais assez bien Yourcenar pour avoir déjà suivi un cours d’une session sur son oeuvre en 2002. J’ai une dizaine de ses livres dans ma bibliothèque. Si je suis allé voir ce film, c’est à cause de l’un d’eux : L’Oeuvre au Noir. C’est aussi à cause de lui que j’avais choisi de suivre ce cours. Il a été publié en 1968, mais je suis à peu près certain de ne pas l’avoir acheté à ce moment là. Je dois l’avoir emprunté à la bibliothèque au cours des années 70 ou 80. Chose certaine, je l’ai lu plusieurs fois. Je crois me rappeler avoir déjà dit que je le lisais à tous les cinq ans environ, motivé à chaque fois par un rappel quelconque de son existence et par la forte impression que je gardais de certains passages. Dans le film d’hier, on peut voir que Yourcenar est venue à Québec en décembre 1987. C’est l’année de mon emménagement à Montréal, mais j’ai sûrement dû le relire une fois de plus à cette occasion.


Cette fois, c’est en parcourant un blogue «Chevaliers des Touches» tenu par un écrivain français Martin Winckler que ce roman est revenu dans ma vie. Winckler est connu pour avoir écrit un roman, La Maladie de Sach, dont Michel Deville a fait un très beau film en 1999. Sur son site internet, il invite les gens à y parler des livres ou des films qui les ont marqués pendant leur enfance. L’entrée du 10 octobre traitait de trois romans : Les Enfants du Capitaine Grant de Jules Vernes, Nadja d’André Breton et L’Oeuvre au Noir de Yourcenar. En lisant cela, je me suis levé de mon siège pour aller chercher l’exemplaire, que je m’étais acheté quand j’ai suivi le cours, et je l'ai feuilleté.


Je devais être un peu nostalgique ce matin là, car un peu plus tôt, j’avais fait une recherche pour trouver des informations sur l’auteur du premier livre que j’ai eu dans ma vie : L’Or des Incas. Je l’avais gagné comme prix de fin d’année en troisième année. Je devais avoir 8 ans environ. Au cours de cette recherche, j’ai appris que son auteur, Jacques Seyr, était un des pseudonyme utilisé par Henri Vernes, le créateur de Bob Morane, le célèbre aventurier des éditions Marabout de ma jeunesse. L’Or des Incas est un livre qui m’a énormément marqué et je crois qu’il est à l’origine de mon amour de l’Histoire. Il raconte la conquête de l’empire inca par les espagnols. Du même auteur j’avais acheté plus tard un autre livre sur la conquête du Mexique par Cortès.


Je crois que j’ai fait cette recherche afin de tenter de m’expliquer le plaisir que je ressens de ce temps-ci à traduire en français El Establecimiento de la Dominacion Espanola en Colombia, un livre de l’historien colombien Jorge Orlando Melo. C’est vraiment très intéressant de lire l’histoire de la découverte des Amériques à travers le regard d’un latino-américain. À côté de cela, les livres qui racontent cette histoire en français sont, à mon avis, d’une fadeur incommensurables.


Avant d’aller voir le film, j’ai relu le premier chapitre de L’Oeuvre au Noir. Zénon, le personnage principal, est en route pour Compostelle où il compte aller étudier l’alchimie auprès d’un vieux savant. En chemin, il rencontre Henri-Maximilien, son cousin, qui, lui, est en route pour s’engager dans l’armée de François 1er alors en lutte contre Charles Quint. Contrairement à Zénon, qui entend développer son esprit loin des inepties de ce monde, Henri-Maximilien veut connaître la gloire à travers la guerre. Zénon veut parcourir le monde, non pour le conquérir, mais pour l’étudier, car «Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ?» et il est persuadé que quelqu’un l’attend là-bas au-delà des Pyrénées. Qui, lui demanda Henri-Maximilien ? «Moi-même» lui répondit Zénon.


Le film de Marilù Mallet m’a déçu. À mon avis sa réalisation n’est pas à la hauteur du grand personnage dont elle veut cerner la vie. Tout le long du film, des scènettes reconstituent certains moments de la vie de Marguerite : enfant, adolescente, jeune adulte... en prenant comme décor les lieux où ces moments ont pu se passer. C’est très faible en comparaison des bouts d’entrevues où on peut voir et entendre Yourcenar. Les entrevues où certaines personnes, dont plusieurs québécois, qui l’ont connue raconte leurs rencontres avec elle sont intéressantes, mais sans plus.


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