jeudi 6 octobre 2011

Hitler et le mal absolu

Cette semaine, j’ai eu connaissance d’une conférence à l’institut Goethe de Montréal sur L’attentat, un roman de l’écrivain hollandais Harry Mulisch. Comme le sujet traité dans ce livre m’intéressait : l’histoire d’un homme dont toute la famille a été assassinée par les allemands en 1945 parce qu’un policier collaborateur a été exécuté devant leur maison par la résistance hollandaise. Tout au long de sa vie, diverses rencontres vont lui apporter des explications de plus en plus complexes et ambigües sur les raisons de la mort de ses parents et de son frère.


Je n’avais jamais entendu parler de cet écrivain, mais par curiosité j’ai fait une recherche sur lui et j’ai voulu me procurer ce livre avec l’intention d’aller à la conférence. Comme je n’ai pu le trouver ni à la Bibliothèque Nationale ni dans le réseau de la ville de Montréal, j’ai fait le tour de diverses librairies pour arriver au même résultat, sauf que j’ai pu mettre la main sur un autre de ses romans, Siegfried, dans lequel un célèbre romancier raconte comment il a pu faire connaissance avec un couple qui a élevé le fils d’Adolf Hitler et d’Eva Braun. Une fiction qui essaie de contribuer à l’énigme du mal absolu.


J’ai commencé à le lire. Oui, je sais, je suis déjà en train de lire Les Corrections de Jonathan Franzen, que j’apprécie d’ailleurs beaucoup plus depuis que je suis arrivé dans la partie où le personnage de Denise, la plus jeune de la famille, est présenté ; mais, c’est comme ça, il y a parfois des urgences dans mes lectures qui exigent un abandon temporaire d’un livre pour un autre. On dit de Mulisch que c’est un écrivain d’une grande érudition. Je m’en rends compte. Ses références à Goethe, Shakespeare, Strauss contribuent en effet à élargir mes connaissances, mais j’avoue que je dois pédaler fort pour ne pas perdre le fil. Les circonvolutions de sa pensée sont aussi d’ailleurs assez complexes, mais n’empêchent pas d’être captivé par le récit, car comme le dit l’éditeur sur la quatrième de couverture c’est un conteur exceptionnel. Entre temps, j’ai vu sur le site internet de l’institut Goethe de Montréal que L’attentat est disponible dans certaines librairies.


Cependant, ce qui m’a initialement donné envie d’écrire quelque chose là-dessus et de le publier ici est une phrase que j’ai trouvé dans Siegfried : même si «Staline et Mao avaient, eux aussi, ordonné des massacres, ils n’étaient pas énigmatiques. Aussi, leur avait-on consacré beaucoup moins de livres... Hitler était unique en son genre. C’était peut-être l’homme le plus énigmatique de tous les temps». Cette affirmation m’a agacée. Je ne crois pas que Hitler est plus énigmatique que Staline ou Mao ou qu’il soit plus que ceux-ci l’incarnation du mal absolu. Je crois plutôt que ce sont de pauvres types qui ont été complètement dépassés par l’ampleur que l’Histoire a donné à leur personnage. Je ne crois pas que Hitler se voyait comme une incarnation du mal. Au contraire il a fait tout ce qu’il a fait pour le bien de l’Allemagne. Mais disons qu’il s’est un peu écarté en chemin et que finalement il s’est retrouvé seul avec lui-même un certain jour d’avril 1945. À suivre...

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